Horizon 2040 : Les usines de fabrication et la production de fenêtres en 2040 – Épisode 3
Par Frédéric TADDEÏ
Directeur de la Publication et Rédacteur en Chef du magazine VERRE & PROTECTIONS MAG
« On a remplacé les chutes par des chuts »
500 000 fenêtres avec seulement quatre lignes de production, qui dit mieux ? Personne. Même mon père qui, avant de couler une douce retraite en apprenant le sanskrit à l’Université Franck Couturieux de Lyon, travaillait chez un gammiste à la pointe de la technologie, n’en revient pas.
Notre idée ? Souplesse, automatisation intuitive et surtout intégration de la totalité du traitement des éléments entrant dans la fabrication de la fenêtre.
Notre crédo : ne travailler que sur les matériaux recyclés à 100%, même pour les parties électroniques liées à la connectivité des châssis.
Notre fait de gloire : avoir permis au pvc d’obtenir la certification “Cradle to Cradle”, impensable autrefois. Comme quoi…
Ce qui impressionne le plus les visiteurs, lorsqu’ils pénètrent pour la première fois dans les ateliers de « Smart Frame one », c’est tout d’abord le silence qui y règne. Depuis que les concepteurs et fabricants de centre d’usinage ont mis au point des machines à 15db, on entend plus les concertos de Ravel diffusés dans les ateliers par les enceintes connectées que le tronçonnage des profilés.
« On a remplacé les chutes par des chuts » se plait à dire, notre plus ancien opérateur. Notons que l’histoire de ce dernier mérite d’être comptée : migrant ayant fui les combats en Syrie en 2018 avec sa femme et ses deux filles, il avait été accueilli par une association qui se chargeait de les intégrer dans notre pays, association sponsorisée par toute la fédération européenne du bâtiment. Formation, apprentissage de la langue et, en partenariat avec notre département RSE, un emploi à la clé. Aujourd’hui, il est notre employé le plus qualifié et c’est lui qui forme tous les nouveaux embauchés de l’entreprise. Ceux-ci devant obligatoirement passer trois mois pleins sur une de nos lignes de production.
Justement, la production, parlons-en. Nous avons été les premiers, il y a dix ans déjà, à digitaliser l’ensemble du process et passer au “Connected Manufacturing”. Nous ne sommes toutefois pas tombés dans le piège du “connecter pour connecter” mais avons permis à nos opérateurs menuisiers d’être des acteurs proactifs de la performance de leurs lignes. Aujourd’hui, les machines parlent aux hommes et les hommes aux machines et dans ce dialogue, priorité à l’humain.
Avec ses nouvelles propriétés et usages, la fenêtre de 2039 s’est rapprochée considérablement de son utilisateur, elle est devenue, un partenaire, un outil collaboratif et une relation de confiance s’est instaurée entre elle et l’humain. Il en allait donc de même pour sa fabrication. Celle-ci est devenue simplissime : quatre lignes traitant indifféremment tous les matériaux de nos profilés : bois, alu, pvc, composites, bio-sourcés. Ainsi, le débit, l’usinage, le cadrage, la pose des accessoires et du vitrage sont l’œuvre d’une seule et unique machine à laquelle se sont ajoutées des intégrateurs de cartes électroniques, de tags de traçabilité en encres invisibles et surtout, de finitions multiples. C’est dans ces finitions, qui interviennent désormais lors de l’assemblage des châssis, que nous avons révolutionné le process de fabrication des fenêtres. En effet, c’est aujourd’hui du mouton à 10 pattes que nous produisons. La couleur laquée, le plaxage ou même la sérigraphie sur les profilés (très à la mode en 2039 !) se font sur chaque fenêtre et sur sa ligne de production unique. Il faut dire qu’en amont, le client final avait pu, avec son électrode de réalité virtuelle, programmer son choix de matériaux et de finition dans le programme BIM de son projet. Et oui, en 2039, le consommateur qui achète sa fenêtre a accès au BIM, c’est devenu un outil commun. Le programme, intègre comme par le passé, toutes les informations liées à sa commande : devis, fabrication livraison, paiement et SAV, le tout en zéro papier… et en bitcoins !
Et ce n’est pas terminé, car je suis certain, que dans 20 ans, en 2059, pour les 100 ans de Batimat, la fenêtre sera fabriquée sur place avec des imprimantes 5D intégrées dans un configurateur global de chiffrage, de configuration du produit, de production et, très important, de pose.
Qui vivra verra mais qui imagine… voit déjà !